Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/69

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garnison, l’on ne posait point de sentinelle à la porte des casernes. Je remis mon manteau sous les mêmes pieux de bois ; je rentrai tout doucement dans la chambrée et je me couchai, bien content de mon expédition. Au bout de deux heures, on apporta le sergent à la caserne. On fit l’appel dans toutes les chambres : tout le monde y était. Le chirurgien vint et le pansa sur-le-champ. Il dit qu’il se doutait que c’était moi qui lui avais donné ces coups, mais qu’il n’en était pas sûr. On fit un rapport le lendemain au capitaine qui vint le voir, parce que c’était un flatteur et qu’il l’estimait beaucoup. Plusieurs soldats étaient dans la chambre et ils entendirent que le sergent disait au capitaine : « Je présume que c’est Rossignol. »

Le capitaine m’envoya chercher et il se mit à me questionner. Je lui répondis que je n’étais pas sorti et que je m’étais couché après la retraite battue, et que par conséquent ce ne pouvait être moi, que cela marquait encore une vengeance de la part du sergent à mon égard. Le capitaine me dit : « Conservez-en le secret, car si jamais j’apprends que ce soit vous, je vous ferai pourrir au cachot. » Nous nous disions les uns aux autres : « On y en a foutu, ni peu ni trop, mais assez. » Je n’avais garde de dire que c’était moi,