Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/76

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demander raison l’épée à la main, ou bien il faut que vous conveniez de vos torts envers moi. L’un de ces deux me fit réponse qu’il allait chercher son épée. Nous l’attendîmes pendant une heure, mais il ne revînt pas. Pendant ce temps son frère, qui était resté, nous dit que celui qui la première fois m’avait proposé l’épée était un nommé Patrès, demeurant à Boulogne, et que, sans doute, si son frère ne revenait pas c’est que sa mère et sa sœur le retenaient. Il nous dit qu’il l’allait chercher. Nous le laissâmes partir, mais il ne revint pas plus que son frère. Cependant, la mère et la sœur de ces militaires vinrent nous demander excuse et, après bien des supplications, nous les quittâmes pour aller à Boulogne.

Arrivés dans le pays, il pouvait être trois heures après-midi, nous nous informâmes de la demeure du nommé Patrès ; on nous dit qu’il était dans un cabaret à jouer. Je fis aussitôt entrer mes amis dans un cabaret vis-à-vis, et seul j’entrai où il était. Je lui demandai s’il se ressouvenait d’un militaire qu’il avait insulté le dimanche dernier ; il me répondit que oui, qu’à la vérité, il me reconnaissait, et il m’invita à lui dire ce que je lui voulais. Je lui répondis que je venais lui demander satisfaction. Il me toisa de la tête aux pieds et, avec un air de