Page:Barrucand - La vie véritable du citoyen Jean Rossignol.djvu/98

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me répondit que je payerais et que je ne serais pas payé. Cela me mit en colère et je lui dis : Puisque vous exigez que l’on me fasse banqueroute, moi je vous avertis que je ne peux payer qu’après être arrivé à Paris, puisque je n’ai que juste l’argent pour faire ma route. — Et je sortis de chez lui. Cependant, à l’heure de la parade, il fut ordonné que tous ceux qui me devaient reconnaîtraient leur dette en présence d’un sergent-major, et que celui-ci me rembourserait ; ce qui fut exécuté. Je fus payé et je payai : cela me mit une quinzaine de livres de plus dans ma bourse.

Je partis[1] après avoir vendu tout ce qui avait rapport à l’habillement militaire  ; je ne voulus plus rien revoir de ce qui avait rapport au métier de soldat tant je le détestais.

Comme je savais être attendu à Verdun par les maîtres des grenadiers du régiment de la Sarre, je fis courir le bruit que je ne partirais que trois jours après mon congé. Le soir, on me délivra ma cartouche et le lendemain matin, à la poste, je louai une voiture qui me fit la moitié du chemin de Longwy à Verdun. Je voyageai avec mon ancien camarade, celui-là même qui s’était engagé en même temps que moi, à Paris, en 1775. Nous

  1. Le 14 août 1783.