Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/21

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Oh ! ma Belle Catherine, qu’avez-vous fait de votre charme ? Quand je vous entends, je ne vous souris plus et vous faites monter des larmes jusque dans mes yeux.

Nos mères qui ont été jeunes aussi, s’amusaient, il fallait voir ! Et n’étaient-elles pas aussi bonnes que nous et plus aimables et plus belles ?

Maintenant, on ne s’amuse qu’autant que nous le permet une rigide étiquette.

Les plaisirs ne nous convient plus ; c’est nous qui les invitons, sur des cartes, en leur assignant des heures. Et ces petits génies qui avaient leurs coudées franches, jadis, ne s’accommodent pas beaucoup du cérémonial d’aujourd’hui et refusent souvent d’être présents à nos fêtes.

J’assistais, il y a quelques saisons, à une soirée dramatique, donnée par les bonnes religieuses de la Malbaie, au bénéfice de leur petite chapelle.

On n’y jouait rien de bien mondain, comme vous pouvez croire, ni Cléopâtre, ni Théodora, mais une pièce qui avait bien son mérite aussi, la sanglante tragédie du martyre de Sainte Catherine, sous Maximin II.

J’étais assise près des parents de l’actrice, personnifiant l’héroïne, une robuste gaillarde, qui, par parenthèse, était bien de taille à donner une tripotée à ses bourreaux. Comme je m’extasiais, — histoire de faire plaisir à mes bons voisins — sur les beautés du drame et les qualités de l’actrice, le bonhomme, que la fille avait, sans aucun doute, préalablement averti du dénouement, me répondit avec une pointe d’orgueil ;

— Ah ! mé, attendez, elle n’est point au plus creux de ses traverses. Vous allez voir tantôt, les protestants qui vont revenir avec des varges et y vont varger dessus avec !