Page:Barthélemy, Méry - L’Insurrection, 1830.djvu/24

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Les chefs ont désigné ce mur criblé de balles
Où la victoire étend ses palmes triomphales,
Et docile à leur voix le peuple souverain
Monte au Louvre en brisant ses deux portes d’airain.
Il a fui, l’étranger, et son pas sacrilège
Souille le Muséum que Raphaël protège ;
Auguste Muséum ! sur tes larges parois,
L’histoire a suspendu les triomphes des rois ;
Mais jamais Salvator, le peintre des batailles,
D’un plus noble tableau n’illustra tes murailles.
Quel aspect ! sous le ciel de ces rosaces d’or
S’ouvre au peuple vainqueur l’immense corridor ;
Hâtez-vous, citoyens, suivez ces galeries,
C’est le pont triomphal qui mène aux Tuileries ;
Là-bas, au Carrousel, tous vos frères debout
Pointent sur le château le canon du dix-août ;
C’est le Kremlin français, dernière citadelle
Où se pavane encor l’étendard infidèle.

Ô roi déchu, viens voir combien il est aisé
D’entrer en ton château sans l’ordre de Brézé ;
Chaos miraculeux ! sublimes saturnales16 !
Le pauvre des faubourgs commande dans tes salles ;
Le soldat décoré de poussière et de sang,
Sur ton fauteuil royal s’intronise en passant.