Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 1.pdf/58

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


1874


Dimanche 4 janvier. — Comme il est doux de se réveiller naturellement ! Mon réveil n’a pas sonné et j’ouvre les yeux de moi-même ; c’est comme lorsqu’on est en bateau, on s’oublie, et lorsqu’on se réveille on est arrivé.


Vendredi 9 janvier. — En rentrant de promenade, je me disais que je ne serais pas comme les autres, qui sont sérieuses comparativement et réservées. Je ne comprenais pas comment ce sérieux vient ? comment de l’enfance on passe à l’état de jeune fille ! Je me demandais : Comment cela vient-il ? Peu à peu ou en un jour ? Ce qui mûrit, développe ou change, c’est un malheur ou l’amour. Si j’étais un bel esprit, je dirais que c’est synonyme ; mais je ne le dis pas, car, l’amour, c’est ce qu’il y a de plus beau au monde. Je me compare à une eau qui est gelée au fond et ne s’agite qu’à la surface, car rien ne m’intéresse et ne m’amuse dans mon FOND.