Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 2.pdf/113

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
108
JOURNAL

Dieu est une invention qui nous sauve d’un désespoir définitif.

Songez dọnc ce que c’est, quand on l’invoque, comme sa dernière, son unique ressource et qu’on n’y croit pas !

Lundi, janvier (NOUVELLE ANNÉE RUSSE). —— Eh bien je m’amuse à la folie commẹ d’habitude… Le dimanche tout entier se passe au théâtre. Une matinée à la Gaité, assez triste, et le soir à l’Opéra-Comique : le Pré aux clercs. Je passe la nuit à me laver, à écrire, à lire, à

me coucher par terre, à prendre du thé.

Il est cinq heures un quart ; de cette façon, j’irai de bonne heure à l’atelier et le soir j’aurai sommeil, et le lendemain je me lèverai de bonne heure et puis ça ira tout seul. Ne croyez pas que j’aime ces gentillesses, je m’ai en profond dégoût, en profonde horreur. C’est égal, j’ai rencontré ma nouvelle année d’une manière originale, par terre avec mes chiens… J’ai travaillé toute la journée.

Mardi, janvier. heures et demie après cette veille. Le concours a été jugé ce matin par les trois maitres au complet : Lefebvre, Robert-Fleury et Boulanger. Je ne suis venue à l’atelier qu’à une heure pour apprendre le beau résullat. Celte fois les grandes ont concouru et le premier mot qu’on me dit en entrant : Eh bien, Mle Marie, venez donc prendre votre médaitle !

En effet mon dessin était accroché au mur avec une épingle et portait le mot : Prix. Cette fois je me serais plutôt attendue à recevoir une montagne sur la tête. Il Je n’ai pu me réveiller qu’à onze