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JOURNAL

ves d’amour dans l’intérêt que je prenais à lire des histoires de cardinaux, au temps d’A… ; aujourd’hui, j’ai lu des histoires de peintres avec le même intérèt, et j’ai même eu des battements de ceur, au récit d’histoires d’atelier.

— Pas mal ma peinture et le ton pas désagréable. Pour la composition, Julian l’a trouvée très bien, quant à la façon dont c’est exprimé, groupé, composé ; mais c’est mal exécuté ; il a ajouté du reste que, dans les concours de composition, on ne regardait pas à cela, ce qui se comprend très bien. Samedi 10 mai.

Je suis jolie, heureuse et gaie. Lundi 12 mai.

Nous allons au Salon et puis l’on cause de tout, parce que nous avons rencontré Béraud, le peintre, que nous avons intrigué au bal et qui est passé à côté de nous sans se douter de rien. La peinture de Breslau est une grande belle toile occupée par un grand beau fauteuil en cuir doré, dans lequel est assise son amie Maria, en robe vert foncé éteint, quelque chose de bleu gris au cou ; une main tient un portrait et une fleur, l’autre un paquet de lettres qu’elle vient de nouer d’une faveur rouge. Arrangement simple, sujet connu. Dessin admirable et grande harmonie de tons, qui sont d’un effet presque

charmant. Je ne sais si je vais dire une énormité, mais vous savez bien que nous n’avons pas un grand artiste. Il y a Bastien-Lepage ; les autres ?… c’est du savoir, de l’habitude, de la convention, de l’école ; beaucoup de convention, énormément de convention. Rien de vrai, rien qui vibre, qui chante, qui empoigne, qui donne le frisson, qui fasse pleurer.