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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Je n’aime pas la campagne russe, les voisins, la maison, etc., mais j’adore les arbres et l’air pur, au point que je désire passer quinze jours dans quelque coin bien vert et bien parfumé, comme je désirais aller à Rome. Mais de Rome, je n’en parle presque jamais, même ici ; le sujet m’exalte et je veux rester tranquille. C’est

en traversant le jardin des Tuileries que j’ai été prise de toules ces idées de villégiature. Que youlez-vous ? j’aime cela autant que je déteste les plages arides et venteuses… Mais aller quinze jours en Suisse avec ma famille, ce serait joliment ennuyeux. Tracas, récriminations et tous les accessoires du bonheur domestique.

Voici des journaux et je. Mercredi 4er octobre. viens de lire les deux cents pages dont se compose la première livraison de la revue de Mme Adam. Tout cela m’a dérangée et j’ai quitté l’atelier à quatre heures pour me promener au Bois avec un nouveau chapeau qui fait sensation ; mais à présent, cela m’est égal. Je la trouve bien heureuse, Mme Adam ! Je crois que vous me connaissez assez pour comprendre l’influence qu’exercent sur ma pauvre têle toutes ces questions si vivantes. Il n’y a rien à faire en fait de fidélité ancienne… J’aime toujours les violettes, mais uniquement comme fleur. Je passe à la république et aux idées nouvelles. Aujourd’hui, me voilà empoignée par la Revue nouvelle ; qui sait si, à un moment donné, je n’irai pas m’enthousiasmer pour le prince Napoléon, que, du reste, je préfère à Napoléon III et qui est vraiment quelqu’un. Non, vous comprenez bien que je ne plaisạnte pas et que je suis aussi avancée qu’il est possible de l’êtr II