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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

a poussé dès fleurs, et tout cela d’un dessin qui a l’air d’étre fait il y a dessiècles. Madame s’habille comme du temps de Boccace. Ce soir, elle portait unerobe de crêpe japonais blanc d’une souplesse adorable, des manches longues et étroites comme celles de la Vierge et d’autres manches nouées derrière ; la robe droite et simple ; une ceinture de galon ancien lui faisait une taille assez courte ; un bouquet de muguets au corsage, des perles au cou et des boucles d’oreilles et des bracelets en vieille orfèvrerie ; avec son teinť pâle, ses cheveux noirs et crépus et ses yeux de gazelle, elle avait I air d’une apparition fantastique. Si elle avait seulement. l’esprit de se coiffersimplement, aulieu des’ébouriffer les cheveux et de faire de sa tête une épouvante, elle serait très remarquable

Nous étions depuis un quart d’heure rentrés dans l’atelier, au sortir de la salle à manger où nous avions eu un très bon diner, des fleurs, des fruits et un arrangement très artistique et j’accompagnais Madame qui chantait des romances antiques italiennes classiques, lorsque maman est venue nous prendre pour aller à l’église… G’est la Passion, mais nous arrivons trop tard. Je fais mes prières chez moi. C’est demain le vernissage, j’y mènerai la petite Américaine pour qu’elle pose bien. Ma petite Américaine, qui s’appelle Alice B…, vient à dix heures et nous partons ensemble. Je tiens à aller presque seule pour voir d’abord où est placé mon tableau. Donc, je vais au Salon très peureuse et me figurant les plus mauvaises choses pour qu’elles n’arrivent pas. En effet, rien de prévu ; mon tableau n’est pas encore accroché, je le trouve à peine vers midi avec un millier d’autres toiles non encore Vendredi 30 avril.