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JOURNAL

Ne rien arranger ! Et les tableaux ? Le mien ! Eh bien, c’est presque la même chose, un sujet vous arrête, vous frappe. Il est évident qu’à l’instant même, vous vous représentez la scène, vous voyez le tableau. Si votre imagination a été vivement frappée, vous le voyez presque en même temps que vous lisez ou pensez.

Je suis sûre que tous les tableaux vraiment émouvants ont été conçus comme cela. Hors de là, il n’y a que recherche et correction, académie. Il ne faut faire que ce qui s’impose, ce qui vous tracasse, vous tient. Dumas a bien raison : On ne tient pas son sujet, c’est le sujet qui vous tient. – Un homme qui joue cent sous peut éprouver les mêmes angoisses que celui qui joue cent mille francs. Je puis donc me rendre compte.

Non, non ! Il y a en moi un tel besoin de traduire mes impressions, une telle violence d’émotion artistique ; tant de choses confuses se pressent dans ma tête que cela ne peut manquer de se traduire un jour… La formule, o la formule ! Ce livre me bouleverse. Ouida n’est ni Balzac, ni Sand, ni Dumas, mais elle a fait un livre qui, pour des raisons… professionnelles, me donne la fièvre. Elle a des idées très justes en art et des opinions cueillies dans les ateliers, en Italie, où elle a Mardi 29 août.

vécu. y a des choses… Elle dit par exemple que chez les vrais arlistes, non chez les artisans, la conception est incommensurablement supérieure au pouvoir d’exécution. Et puis le grand sculpteur Marix (toujours dans le roman), qui voit les essais de modelage de la jeune Il