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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Dumas père a dit que, lorsqu’on hésite entre deux choses, c’est que ni l’une ni l’autre ne sont bonnes… Et il ajoute qu’il n’a jamais hésité plus de cina minutes dans sa vie. II est bien heureux ou bien menteur !. Mercredi 6 septembre. voulu l’étre, et comme je suis intelligente, j’ai appris certaines choses… Alors comment expliquer ce que Robert-Fleury disait, quand j’ai commencé : avez tout ce qui ne s’apprend pas. Il s’est trompé… Mais je fais de l’art comme je ferais autre chose…, avec intelligence et adresse, voilà tout. Alors pourquoi ai-je dessiné des tête à la craie sur les tables où l’on jouait aux cartes à la campagne, quand j’avais quatre — Je ne suis pas artiste, j’ai Vous

ans ? Tous les enfants dessinent. Et pourquoi le désir continuel de dessiner, les essais d’après des gravures, en Russie encore ; puis à Nice, à onze ans ? Là on m’a trouvé des dispositions extraordinaires, ça a duré deux ans… Puis, toujours cherchant la vraie instruction, j’ai eu deux ou trois autres maitres qui m’ont chacun donné deux ou trois leçons, c’est-à-dire avec lesquels j’ai travaillé deux ou trois heures. Enfin… En cherchant bien, je découvre qu’il y a toujours eu le désir d’apprendre, des élans, des tentatives et personne pour diriger ça ; et puis le voyage en Italie, Rome… C’est que dans les romans on raconte qu’on a tout de suite des yeux pour découvrir les belles choses, et moi j’avoue que mes yeux s’ouvrent petit à petit pour voir les beautés, c’est-à-dire les qualités des peintures… Enfin…j’ai perdu confi ance, j’ai perdu courage, il me manque quelque chose… Je vois la beauté de la couleur, mais… Je ne peux même pas dire carrément que je n’y arrive pas car il y a une ou deux choses