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JOURNAL

somme, c’est sérieusement bien et que ça comptera au Salon.

J’oublie de dire que mes gamins sont intitulés : Un meeting.

Mercredi 12 mars. Le portrait de Dina ne sera pas fini, je n’enverrai donc que le Meeting. Ce soir, réunion intime chez Mmo Hochon : beaucoup d’artistes et quelques dames, comme la duchesse d’Uzès, la comtesse Cornet, la Maréchale, nous. En fait de peintres, Cabanel, Jalabert, Siebert, G. Ferrier, Boulanger, etc. On fail de la musique et Salvayre joue et chante des morceaux de son Henri III. Tous ces gens ont été aimables pour moi, Cabanel aussi. Samedi 15 mars. Abbema est venue voir mon

tableau ce matin. Il semblait que ce 15 ne viendrait jamais….. Il fait un temps radieux et je vais dès lundi ou mardi travailler à la campagne. Je ne veux plus admirer BastienLepage ; je le connais à peine, c’est une nature… fermée ; et puis il vaut mieux travailler à son propre talent que de se dépenser en admiration. Dimanche 16 mars. On a envoyé les tableaux. Je rentre à six heures et demie dans un état de fatigue et d’éreintement si complet que ça en est délicieux… Vous ne croyez pas que c’est délicieux, c’est que, pour moi, toute sensation complèle, poussée à l’extrême limite, même une sensation de douleur, est une jouissance.

Lorsque je me suis abimé le doigt, la douleur fut si vive pendant une demi-heure que j’en ai joui. Ainsi la fatigue complète de ce soir, le corps n’offrant