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JOURNAL

Je suis descendue quand H… est arrivé, pour montrer à ce juif que je ne suis pas abaltue. Je me suis mon trée si contente et si militante, parlant de photographes, graveurs, acheteurs, etc., que ce fils d’Israël se décide enfin à dire qu’il voudrait bien faire des affaires avec moi… Quoique je n’aie pas eu de médaille… Enfin !…-Je vous achèterai le Pastel (Armandine) et la tête de bébé qui rit. Deux ! C’est à Dina qu’il s’adresse pour qu’elle lui arrange cette affaire. Mais nous le renvoyons à Emile Bastien qui traitera la question d’argent. Je suis très contente. Dimanche 1er juin.

depuis un mois ! Si, je lis Sully-Prudhomme depuis hier matin. J’en ai là deux volumes et je trouve que — — Avec tout ça je ne fais rien c’est très bien…

Je m’inquiète peu de vers, je ne m’en inquiète que lorsqu’ils sont mauvais et que cela gêne ; autrement il n’y a pour moi que l’idée exprimée. rimer, qu’ils riment ! Mais que je ne m’en aperçoive pas. Donc les idées très subtiles de Sully-Prudhomme me plaisent infiniment. Et il y a chez lui un coté très élevé, presque abstrait, très fin, très quintessencié, qui s’accorde parfaitement avec ma façon de sentir. Je viens de lire, tantôt couchée sur le divan, tantôt me promenant sur mon balcon, la préface du livre de Lucrèce et le livre lui-même. De natura rerum. Ceux — — Il leur plaft de

qui savent ce que c’est, m’en sauront gré… Il faut une grande tension d’esprit pour comprendre tout. Ge doit être une lecture difficile, même pour ceux qui ont l’habitude de manier ce sujet. J’ai tout compris, ça échappait par moments, mais j’y revenais et me forçais de ressaisir… Je devrais respecter beau-