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JOURNAL

notre chèvre ; jugez de la joie de ces dames. Mais ce n’est pas tout, il daigne étre si familier qu’il en envoie chercher lorsqu’il en a envie. Ça c’est beau. Enfin nous allons donc le perdre puisqu’il va mieux. Oui, le bon temps a l’air de toucher à sa fin. On ne pourra aller voir un homme qui sort. Mais ne nous exagérons rien. Il a été au Bois, mais porté dans un fauteuil, puis il s’est couché.

Ça ne veut pas dire qu’il sort. Mardi 19 août. —Je suis tellement patraque que j’ai à peine la force de mettre une robe de toile sans corset pour sortir et aller chez Bastien. Sa mère nous reçoit par des reproches. Trois jours ! trois jours sans venir ! mais c’est horrible. Et, sitôt dans la chambre, c’est Emile qui s’écrie : -Comment, c’est donc fini ! Eh quoi, plus d’amitié ? — Eh bien, vous me lâchez donc ? dit-il alors lui-même. Ah ! ce n’est pas bien. Ma coquetterie voudrait que je répète ici tout ce qu’il nous dit d’aimables reproches et d’assurances que jamais, jamais nous ne pouvons venir trop souvent. Jeudi 21 août. – Je flâne tout le jour et ne travaille que de cinq à sept heures en voiture. Je fais faire une photographie du coin que je peins,. pour avoir les lignes du trottoir bien exactes. L’opération a eu lieu ce matin à sept heures. Dès six heures l’architecte était là ; alors nous sommes partis, moi, Rosalie, l’architecte, Coco et le photographe. Ce n’est pas que la présence du frère soit utile, mais c’est plus gai ; j’aime bien avoir un petit état-major autour de moi.