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JOURNAL

égalité est impossible. Respect aux anciennes familles, honneur aux princes étrangers. Protection aux arts ; luxe et élégance.

Ces dynasties, ces ministres qui prennent racine et qui pourrissent sur place infestent le pays ; ces protections de cour… voilà le malheur, voilà la ruine ; tandis qu’un chef constamment renouvelé, changé, les ministères souvent balayés, les fonctionnaires aérés, à la bonne heure, voilà qui rend un pays blanc et rose, et bien portant ; par conséquent capable de tout, s’il al’intelligence, et cetle chose-là ne manquera pas aux Français. On

reproche le sang, la boue et mille autres choses à la République. Que diable ! regardez le commencement de tout, surtout quand la moitié gâte, empêche, lutte… Plusieurs essais ont échoué, il y avait des souvenirs napoléoniens, il y avait Sainte-Hélène. Qu’y a-t-il à présent ?… Le stérile M. de Chambord, après lui les d’Orléans… les d’Orléans ne m’amusent pas, on n’aime pas les choses avilies, bâtardes. Quant à Napoléon III, il a à tóut jamais perdu sa race. La République de maintenant est la vraie, la longtemps attendue, la définitive bénédiction du ciel, enfin venue. Qu’importent quelques libres penseurs qui existent sous tous les régimes, qu’importent les exagérations ! Le pays n’est pas un salon. Que les gens des partis choisissent leurs invités ; mais la République n’est pas un parti, c’est le pays tout entier, et, plus on viendra à eile, plus elle ouvrira ses bras, et quand tout le monde sera venu, il n’y aura ni proscrit, ni délaissé, ni choisi, il n’y aura plus de partis. Il y aura la France.

Pour le moment la République a trop à faire pour s’occuper des particuliers.