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JOURNAL

Ce qui est affreux pour moi, c’est l’indifférence. Ah ! dame…

Promettez-moi de ne pas m’oublier pendant les quelques mois que je serai absent. Ce n’est pas en mon pouvoir. Permettez-moi de vous rappeler de temps en temps que j’existe… Peut-être vous amuserai-je, peutêtre vous ferai-je sourire ?… Permettez-moi de… d’espérer que quelquefois, rarement, vous m’enverrez un mot, un seul.

— Vous dites ? Oh ! sans signer, simplement ceci : « je me porte bien. » Et ce sera tout, et cela me rendra si heureux ! Je signe tout ce que j’écris, et je fais honneur à ma signature.

— Vous m’accordez cette permission ? — Je suis comme le Figaro, je reçois toutes les correspondances… —

Dieu ! Si vous saviez ce que c’est terrible de ne jamais obtenir un mot sérieux, d’être toujours bafoué… Non, dites, parlons sérieusement, il ne sera pas dit que vous n’aurez pas eu pitié de moi au moment où je vous quitte ! Puis-je espérer que mon dévouement sans bornes, mon attachement, mon amour….. Imposezmoi les conditions, les épreuves que vous voudrez, puis-je espérer qu’un jour vous serez plus… douce ?… que vous ne rirez pas toujours ?… En fait de preuves, dis-je assez sérieuse, il n’y en a qu’une.

Laquelle ? Je suis prêt à tout ! Le temps.

Soit, le temps. Vous verrez….. Cela me fera bien plaisir. — Mais dites-moi, veus avez cenfiance en moi ? |