Page:Basset - Nouveaux Contes berbères, 1897.djvu/101

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rêta devant son cheval et dit : « Salut sur vous, toi et ton cheval ! » L’homme lui répondit : « Sur toi soit le salut ! que veux-tu, mon frère ? que cherches-tu ? — Je te cherche : je suis chez toi un hôte de Dieu. » L’autre reprit : « Parle haut, que je sache ce que tu dis. » Gabriel répéta : « Je suis chez toi un hôte de Dieu. — Ouvre la bouche, je suis sourd, je ne te comprends pas. — Je suis chez toi un hôte de Dieu. »

L’homme le regarda, puis sauta de dessus son cheval et lui dit : « Je t’en conjure, par le Dieu qui t’a créé, viens, que je te prenne sur mon dos jusqu’à mon douar. — Laisse-moi, répondit notre seigneur Gabriel, j’irai bien à pied. » Mais l’homme insista. « Je t’en conjure par Dieu, je te porterai sur mon dos, puisque le Seigneur m’a envoyé un hôte. » Il le prit, le porta ainsi jusqu’à son douar et le plaça sur une natte, dans sa tente. Puis il alla chez sa femme et lui dit : « Ma fille, prépare à souper à l’hôte qui est chez nous. » Gabriel l’appela : « Si tu veux que j’accepte ton hospitalité, il faut que tu acceptes mes conditions : alors, je passerai la nuit chez toi. — Soit, dis ce que tu veux. Je ne mangerai pas s’il n’y a pas à souper quatre cœurs. »