Page:Basset - Nouveaux Contes berbères, 1897.djvu/162

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Elle lui répliqua : « Mange toi-même. » Leur maître se mit à rire. Sa femme lui demanda : « Qu’est-ce qui te fait rire ? — Rien. — Tu ris après moi. — Pas du tout. — Il faut que tu me dises de quoi tu ris. — Si je te le dis, je mourrai. — Tu me le diras et tu mourras. — À la nuit. » Il fit sortir des grains et dit à sa femme : « Fais des aumônes. » Il invita des gens, les fit manger et quand ils sortirent il apporta de la nourriture à la chienne, mais elle la refusa. Le chien du voisin vint, comme il faisait tous les jours, manger avec la chienne. Ce jour-là, il trouva la nourriture intacte. « Viens manger, dit-il. — Non, répondit-elle. — Pourquoi ? » Elle lui raconta : « Mon maître, en entendant parler les poules, s’est mis à rire ; sa femme lui a demandé : Pourquoi ris-tu ? Si je te le dis, je mourrai. Dis-le moi et meurs. Voilà pourquoi, ajouta la chienne, il a fait des aumônes, car quand il révélera son secret, il mourra et je ne trouverai personne qui agisse comme lui. » Le chien reprit : « Puisqu’il comprend notre langage, qu’il prenne un bâton et qu’il lui en donne jusqu’à ce qu’elle en ait assez, en la frappant, il lui dira : C’est pour cela que j’ai ri ! C’est pour cela que j’ai ri ! C’est