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principalement aux François, et si proches parens non seulement des rois de France dont ils estoint sortis par filles, mais aussy de Mrs de Nemours[1], et de Guyse ; et que, sy nous valions quelque chose, nous irions offrir nos vies et nostre service au secours de ce pauvre prince que l’on vouloit injustement spolier d’un estat possedé par une sy longue suite d’ancestres. Ces mots finis, il n’eut pas seulement l’approbation de tout le reste de la compagnie, mais encores une ferme resolution d’aller des le lendemain droit à Ferrare pour nous y jetter. Ce que j’ay voulu représenter icy, premierement pour faire connestre l’esprit volage et inconstant des François, et puis en suitte que la fortune est la pluspart du temps maîtresse et directrice de nos actions, puis que nous quy avions fait dessein de donner nos premieres armes contre les Turcs, les portames contre le pape.

1598. Ainsy nous arrivames la veille du jour de l’an 1598 a Bolongne, ou nous trouvames le chevalier Verdelli et quelques autres, quy se joignirent a nous pour aller a Ferrare, et partimes le 2e pour arriver le 3e a Ferrare, ou nous fumes logés et receus cheux le duc avec toute sorte d’honneur et de bonne chere. Nous y trouvames, desja arrivé, Mr le comte de Sommerive[2], second fils de Mr le duc du Maine, et quelques autres gentilshommes françois qui s’estoint

  1. Henri de Savoie, duc de Nemours, frère puîné du précédent duc de Nemours, par conséquent fils de Jacques de Savoie, duc de Nemours, et d’Anne d’Este. Il mourut le 10 juillet 1632.
  2. Charles-Emmanuel de Lorraine, fils puîné de Charles de Lorraine, duc de Mayenne, et de Henrie de Savoie, marquise de Villars, comtesse de Tende et de Sommerive. Né le 19 octobre