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1618. mai.

il nuit encores grandement au poulmon, et mesmes j’ay ouy dire que le feu roy Charles, a force de sonner du cor, se rompit une veine dans le poulmon, quy luy causa la mort. » « Vous vous trompés, me respliqua il, le sonner du cor ne le fit pas mourir, mais bien ce qu’il se mit mal avec la reine Caterine sa mere a Monceaux, et qu’il la quitta et s’en revint a Meaux, mais sy là[1] par la persuasion du mareschal de Rets[2] quy le fit retourner a Monceaux aupres de la reine sa mere ; car s’il n’y fut pas revenu, il ne fut pas mort sy tost. » Et comme je ne luy respondois rien sur ce sujet, Montpouillan[3] quy estoit present, me dit : « Vous ne pensiés pas, Monsieur, que le roy sceut ces choses là comme il les sçait, et beaucoup d’autres encores. » Je luy dis : « Vrayment non, Monsieur, je ne le pensois pas. » Cela me fit connestre que l’on luy donnoit beaucoup d’apprehensions de la reine sa mere, de laquelle je me garday bien a l’avenir de luy parler, mesmes en discours communs.

Quand la reine partit l’autre année de Paris, Rou-

    ajouté un i. On lit dans le Dictionnaire étymologique de Ménage : Plusieurs disent hargne ; mais le bel usage est pour hergne. »

  1. Mais encore là.
  2. Albert de Gondi, baron, puis duc de Retz, fils ainé d’Antoine de Gondi, seigneur du Perron, et de Marie-Catherine de Pierrevive, fut maréchal de France en 1573. Né le 4 novembre 1522, il mourut le 21 avril 1602.
  3. Jean de Caumont, seigneur de Montpouillan, sixième fils de Jacques Nompar de Caumont, seigneur, puis duc de la Force, et de Charlotte de Gontaut, sa première femme, après avoir joui pendant quelque temps de la faveur du roi, se jeta dans les rangs des huguenots, et fut tué en 1622 au siège de Tonneins.