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1620. novembre.

sans que mon absence fut honteuse ; et que je luy disse pour cet effet ce que je desirois[1] ; que Mr  de Chomberg et Mr  [le cardinal][2] de Rets l’avoint chargé de me le venir dire en leur nom de tous trois, et que j’avisasse de faire une response quy n’aigrit rien.

J’avois eu trois jours pour penser, en cas que l’on me pressat, par quelle porte je pourrois honorablement sortir. C’est pourquoy, sans marchander, je luy dis que toutes les fois qu’il me feroit donner quelque gouvernement, je m’y irois tenir ; que s’il me donnoit un employ de guerre honorable, je l’irois executer ; s’il m’enyoyoit en une ambassade extreordinaire, je m’en acquitterois ; et que pourveu que je servisse [en absence][3], je la[4] prefererois a mon sejour inutile a la court : ce que Mr  de Rouccelay ayant rapporté a ces messieurs qui estoint tous deux cheux Mr  de Luynes, ils trouverent ma response sy bonne qu’ils ne differerent point de la dire a Mr  de Luynes, ny luy a l’accepter, les asseurant que le lendemain par les chemins il s’accorderoit avesques moy sous ces conditions ; comme il fit de fort bonne grace, et me dit franchement que l’estime qu’il faisoit de moy et l’affection qu’il voyoit le roy me porter, luy donnoint de l’ombrage, et qu’il estoit comme un homme quy craignoit d’estre coquu, lequel n’aymoit pas de voir un fort honneste homme courtiser sa femme ; que du

  1. Il y avait aux précédentes éditions : voulois.
  2. Inédit.
  3. Inédit.
  4. Il y avait : le.