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journal de ma vie.

la fin du conseil, Descures ayant demandé quelle compagnie de carabins monsieur le mareschal vouloit quy allat accompagner les bannis a Paris, il luy commanda de faire l’ordonnance a Montalant[1] : je prins sur cela occasion de dire que Montalant nous seroit fort necessaire vers cette vallée d’Aillan[2] ou les ennemis tournoient la teste, d’ou il estoit et y avoit son bien, qu’il connoissoit le païs ; et en suitte je dis que ces bannis ne nous faisoint pas tant de proffit a les envoyer a Paris que l’escorte qu’il nous leur falloit donner nous causeroit de dommage ; que l’on mettoit par cet envoy une dissension eternelle dans la ville de Sens, de laquelle Mr  de Pralain pastiroit[3] un jour, et qu’ils seroint plus affectionnés, sy on leur faysoit la grace entiere, que ceux mesmes quy avoint esté pour nous ; et que sy c’estoit a moy a faire, je leur pardonnerois ; que je voyois un chemin ouvert pour le faire de bonne grace, c’est qu’ils m’avoint prié de parler pour eux et que je pourrois leur respondre que monsieur le mareschal m’avoit dit que sy Mr  de Pralain et moy voulions leur servir de caution, qu’il le feroit, dont je m’asseure qu’ils nous prieroint instamment, et que nous le ferions apres avoir tiré seureté convenable de leur foy et parolle ; que cela rendroit la ville tres affectionnée a Mr  de Pralain quy avoit interest de s’y conserver de l’autorité ; qu’elle conserveroit ses citoyens unis et que nous serions

  1. N. de Vielz-Chastel, seigneur de Montalant près Montargis, commandait une des quatre compagnies de carabins de l’armée du roi.
  2. Aillant-sur-Tholon, chef-lieu de canton de l’arrondissement de Joigny, département de l’Yonne.
  3. Il y avait dans les précédentes éditions : partiroit.