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journal de ma vie.

haches rompre la palissade, ce que nous fismes et n’y perdimes qu’un homme, ce quy nous mit au pié de la muraille de la ville, quy estoit foible et peu flanquée : de sorte que le mercredy 11me de may, le roy estant venu a nostre attaque dès cinq heures du matin (ou il vit le lieu de la mine), entra dans les pieces gaignées, puis en suitte dans le fossé ; ce quy luy donna asseurance de la prise de la place, dont il ne fut pas trompé ; car en mesme temps on luy ammena un tambour de la ville quy venoit demander de capituler. Le roy respondit qu’il ne capituloit point avec ses sujets, mais qu’il les recevroit a grace aux conditions qu’il leur envoyeroit ; et en mesme temps estant allé a une petite tente de Gamorini, il me fit escrire les articles qu’il leur accordoit et les bailla au tambour avec ordre de revenir dans une heure, et rammener [quand et luy][1] ceux de la ville, pour se venir mettre a ses piés, et recevoir et accepter la grace qu’il leur faisoit, ce qu’ils firent sans aucune contradiction. On fit tresve pendant ce temps, et apres disner je menay dans la place (ayant precedemment fait embarquer les soldats ennemis), le sieur de Drouet[2] avec deux cens hommes en garnison, ce que je fis avesques mille peines ; car les soldats quy estoint en curée du butin de la deffaitte de Riés, vouloint a toute force piller la ville de Royan.

En la nuit devant celle là Mr  le marquis de Seneçay, mareschal de camp, fut blessé, au quartier de Picardie,

  1. Inédit.
  2. Isaac du Raynier, seigneur de Droué, capitaine au régiment des gardes françaises, reçut le gouvernement de Royan en récompense de ses longs services.