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1622. juin.

Seneçay et Arpajoux. Le roy se fascha du peu d’avancement au siege et du peu d’effet des gens de guerre aux attaques. Mr  le Prince luy demanda s’il luy plaisoit tenir le conseil de guerre sous un grand arbre prochain, ce quy fut fait ; et m’ayant esté demandé mon avis, je dis que je l’avois dit des le commencement du siege quy ne l’eut plus esté il y a longtemps sy on l’eut suyvy ; que maintenant il falloit sçavoir ce que l’on pretendoit faire pour prendre la place, et qu’en cas que l’on trouvat que les propositions ne fussent suffisantes, j’offrois encores a peine de la perte de ma vie et de mon honneur, de la prendre deux jours apres que l’on m’auroit donné deux canons en batterie sur la rive de la Veirou, ou je les demanderois. Chascun voyoit bien que c’estoit le plus aysé moyen ; mais celuy quy le proposoit n’estoit pas aggreable. Le roy toutefois s’y portoit ; mais en fin il fut resolu que l’on tenteroit une attaque generale, et que, sy elle ne reussissoit, on prendroit cet autre moyen.

On avoit fait un fourneau sur la pointe de la mine, que l’on fit jouer le lendemain matin lundy 20me, et en suitte on fit une attaque generale en laquelle on fit mesmes donner a pié cent gensdarmes du roy. On emporta tous les dehors jusques a la contrescarpe, et la corne aussy. Mais nous y perdismes plus de quattre cens hommes, que morts que blessés, entre lesquels le comte de Paluau, mestre de camp de Navarre, fut fort regretté ; c’estoit un brave jeune homme, et quy avoit bien le cœur au mestier. Le Paillés[1] sergent major

  1. Roger de Villemur, baron de Paillez, était major du régiment de Normandie depuis 1621.