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1629. mars.

avoit. L'apres disner nous allames a la frontiere de France reconnestre les forts de Jallon et de Jallasse[1], et les lieux propres pour les attaquer et forcer.

Le vendredy 2me nous ne bougeames de Chaumont. Le commandeur de Valançay nous renvoya le sieur de Lisle.

Le samedy 3me le commandeur de Valançay retourna à Turin, et monsieur le cardinal vint disner a Chaumont. Il fut apres voir la frontiere et considerer les deux forts.

Le dimanche 4me Mr le prince de Piemont arriva à Chaumont pour traitter avec monsieur le cardinal ; et nous, Mr de Crequy et moy, le fusmes conduire jusques par dela la grande barricade que nous eumes loysir de reconnestre.

Le lundy 5me il nous envoya un courrier, et l’apres disner monsieur le cardinal estant allé sur la frontiere, le comte de Verrue[2] y arriva, quy estant entré en particulier avec monsieur le cardinal, furent plus de deux heures a contester, au bout desquelles monsieur le cardinal [fit appeller Mr de Crequy et moy][3] ausquels il fit entendre les offres du comte de Verrue, lesquelles nous ne fusmes d’avis qu’il acceptat : sur quoy tout traitté fut rompu, dont il envoya donner avis au roy, luy conseillant de venir, ce qu’il fit toute la nuit et arriva sur les trois heures du matin.

    fils aîné de Charles de Bonne, seigneur d’Auriac, et de Jeanne de Varey, parent éloigné du connétable de Lesdiguières, avait été fait maréchal de camp en 1620.

  1. Le fort que les Français appelaient fort de Gelasse, du nom d’un petit cours d’eau qu'il dominait, était appelé par les Piémontais Saint-François des Gravières.
  2. N. Scaglia, comte de Verue, ministre du duc de Savoie.
  3. Inédit.