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1635. mai.

tout l’esté, affin de n’avoir point a en parler sy souvent.

Cependant le roy alla visiter sa frontiere de Picardie et donna ordre de faire fortifier Peronne d’un costé ou il estoit necessaire de travailler, et ayant passé en suitte par Saint Quantin et la Fere, s’en alla en pelerinage a Nostre Dame de Liesse et puis s’en revint a Chasteautierry[1].

Ma belle sœur de Removille desesperée de sa santé et les medecins n’y trouvant aucun remede, estant hydropique formée, et ayant oultre cela une hydropisie de poulmon, elle desira d’aller mourir entre les bras de ses pere et mere, et en son païs natal. Pour cet effet elle partit de Challiot le mardy 22me de may pour s’en retourner en Lorraine, et aucun des medecins ny de ceux quy la voyoint ne se pouvoint persuader qu’elle y peut aller en vie : neammoins Dieu luy fit cette grace d’y arriver. Le jour mesme qu’elle partit, je m’avisay qu’un minime quy par bref du pape avoit eu permission de demeurer avec moy, et lequel avoit miraculeusement guery autrefois d’une hydropisie feu ma tante de Chantelou[2], excellent medecin nommé pere Nicolas d'Ormançay, luy pourroit apporter quelque remede s’il pouvoit arriver pres d’elle avant qu’elle mourut : j’envoyay en mesme temps au couvent de la Place Royale sçavoir ou il demeuroit allors ; et m’ayant esté mandé qu’il estoit a Lion, j’envoyay par la voye de la poste le querir, et il arriva a Nancy

  1. Le roi partit le 7 mai de Péronne pour Saint-Quentin : il demeura à Château-Thierry jusqu’au 8 juin, jour où il partit de cette ville pour se rendre à Monceaux.
  2. Voir t. I, p. 39, note 3.