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journal de ma vie.

Le samedy 2me Mr le Comte me fit dire qu'il sçavoit de tres bonne part que ma liberté estoit resolue, et que dans vingt et quattre heures je sortirois sans faute.

Mais le lundy 4me je vis Du Bois, quy me fit voir que ce n’estoit que pure tromperie ; et bien que monsieur le premier president m’eut fait dire le mesme jour qu’il sçavoit de bon lieu que je sortirois avant la fin de la semaine, je ne creus rien de ma liberté.

Le mercredy 6me Mr Bouteillier le jeune, revenant de Blois, fut veu par ma niece de Beuvron a quy il dit que ma liberté avoit desja esté cinq ou six fois resolue, et puis retardée ; qu’il s’en alloit a la court, et que, sy je ne sortois a son retour, je ne m'y devois plus attendre, veu que la cause du dilayement n’avoit esté fondée que sur le subit partement de Blois de Monsieur.

Je n’eus aucunes nouvelles jusques au jeudy 21me que Mr du Tramblay me vint dire de la part de Mrs Bouteillier, pere et fils, que je ne les tinsse jamais pour gens de bien sy j'estois encores quinse jours prisonnier ; et le vendredy 29me Mr du Tramblay me dit encores de la part de Mr Bouteillier le fils que monsieur le cardinal luy avoit encores donné parole de ma liberté, et luy avoit permis de me l'envoyer donner.

Le samedy dernier de juin Mr le Prince arriva a Paris, retournant de son employ de lieutenant general de l’armée du roy en Lorraine, et avoit laissé l'ordre en partant pour desmolir mon chasteau de Bassompierre[1], ce quy a depuis esté executé.

  1. Le château de Bassompierre était situé dans la Lorraine