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1637. mai.

compatriottes, leur faisant remarquer le long sejour des armes françoises dans leurs païs, les forts quy les tenoint comme en servitude, les mauvaises payes de leurs regimens, et finalement qu'ils estoint en pire estat que lors que les Espagnols occupoint la Valteline, puis que les païs grisons estoint aussy bien summis aux armes françoises que le reste, par la construction des forts du Steig et du Rein ; et que ce seroit bien le meilleur s’ils pouvoint vivre libres et jouissans de tous leurs païs en une bonne neutralité, ce qu’ils s’asseuroint que les Espagnols feroint de leur costé sy les François en vouloint faire de mesme. Cette proposition fut approuvée de tous les Grisons, et ces partisans espagnols eurent permission d’en faire la tentative vers les Espagnols. Mr de Rohan ne tarda gueres a estre averty de cette pratique, ny d’en donner avis au roy, auquel il manda que le seul moyen de l’empescher estoit d’envoyer de l'argent tant pour le payement de ce quy estoit deu a ces regimens de Grisons qu’il avoit levés, que pour leur subsistance a l'avenir, moyennant quoy il promettoit de contenir les Grisons, et de rembarrer les ennemis. Le roy avoit quelques jours auparavant envoyé le sieur Lanier son ambassadeur ordinaire aux Ligues, auquel il avoit donné l’intendance de la justice et des finances en l’armée de Mr de Rohan, et sur l’advis qu’il receut dudit duc, il fit acheminer une voiture de soissante et dix mille escus aux Grisons. Mais avant qu’elle fut arrivée, estant survenu une grande maladie audit duc en la Valteline, les mesmes factionnaires d’Espaigne ayant reschauffé leurs brigues, et mesmes gaigné