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1638. avril.

l’on apporta a remplir les compagnies des autres regiments, les renforça quelque peu ; mais neammoins les trouppes d’infanterie ne furent sy belles, ny sy complettes, qu’elles souloint estre les années precedentes.

Un presque pareil inconvenient arriva pour la cavalerie : car, comme l’on les mit en garnison, le roy accorda aux capitaines que, pour les enrichir, et leur donner moyen d'entretenir leurs gens durant l’esté, il ne les obligeoit de tenir leur nombre complet dans les garnisons, et que leurs distributions courroint comme s’il estoit complet, pourveu qu’ils s’obligeassent de les rendre complettes lors qu'elles viendroint a l'armée : ce quy fut cause que les capitaines licencierent tous leurs soldats a huit ou dix pres des anciens et affidés ; et quand il les fallut faire mettre en campagne, les capitaines ne pouvoint trouver de soldats, parce que ceux qu’ils avoint cassés n’ayant rien receu l'hiver, ne voulurent plus retourner. En fin neammoins ils firent du mieux qu’ils peurent et se mirent aux champs.

On commença donc lors a former les corps des armées, et certes on fit un puissant projet pour remedier a tous les inconveniens et attaquer vertement les ennemis de tous costés. Pour cet effet on envoya des grandes sommes de deniers au general Bannier[1] et au party suedois pour divertir leur accord avec l'empereur, qu’ils projettoint, et leur donner moyen de subsister, et de continuer la guerre en Pomeranie

  1. Jean Banier ou Banner, feld-maréchal suédois, compagnon d'armes de Gustave-Adolphe, et l’un de ses meilleurs généraux. Né en 1596, il mourut en 1641.