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journal de ma vie.

aussy l’intention du roy ; et ayant eu ordre de traitter avesques luy pour ledit licenciement, je fus bien ayse de m’adjoindre le mareschal de Chomberg affin qu’il fit les refus sans qu’il parusse que ce fut moy ; mais ledit mareschal et moy, n’eumes pas beaucoup de peine a disputer avec luy ny a le contrarier ; car il se porta sy noblement en cela qu’il fit tout ce que nous luy proposames, et ainsy nous convinsmes avesques luy. Mais moy ayant esté mis en prison sur ces entrefaites, et le sieur d’Emery[1], quy vouloit faire le bon mesnager pour s’accrediter vers le roy, proposa que l’on pourroit faire ledit licenciement a quattre mille escus moins que nous n’avions traitté avec ledit Erlach, et qu’il luy falloit rabattre cette somme, ce que le conseil et le mareschal d’Effiat surintendant des finances, furent bien ayses de faire pour en payer moins. Mais par ainsy ils mescontenterent et offenserent ce brave homme, de sorte qu’il quitta entierement le service du roy et se retira sans y avoir depuis voulu rentrer, bien que l’on luy aye offert de tres beaux emplois : et s’estant retiré en son chasteau de Castelen, lors que le duc de Weimarch hivernoit dans les Franches Montaignes ou il ne pouvoit plus subsister, ayant tout mangé, il fut visité dudit colonel d’Erlach qu’il connoissoit, lequel luy conseilla de faire dessein sur les quattre villes forestieres, quy sont Laufenbourg, Waldshout, Reinfeld et Sekinguen, ou il trouveroit des ponts sur le Rein, quy luy donneroint

  1. Il y avait aux précédentes éditions : le sieur de Mery. — Michel Particelli, sieur d’Hémery, intendant des finances, fut plus tard surintendant. Il mourut le 25 mai 1650.