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Pour achever la démonstration, nous n’avons plus qu’à dresser l’inventaire de A.


Résumé des opérations de A, propriétaire-capitaliste-entrepreneur, pour soit inventaire au 31 décembre.


marchandise générale.

Doit.

Débit de ce compte au 31 décembre. 10,890 fr.

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10,890 fr.


Avoir.

Crédit de ce compte au 31 décembre 9,900 fr.

Restant en magasin des marchandises inventoriées au 1er janvier dernier 100 fr.

Perte sur ce compte 890 fr.

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Somme égale. 10,890 fr.


Maintenant que nous avons établi notre double comptabilité, rapprochons les comptes, et notons les différences.

1° Sous le régime de l’usure, le compte de chaque travailleur se solde par une perte de 100 fr., soit pour les 10 : 1,000 fr.

En même temps, celui de A, propriétaire-capitaliste-entrepreneur, se solde par un bénéfice de 1.000 fr. ; ce qui prouve que dans la société capitaliste le déficit, soit la misère, est en raison de l’agio.

2° Sous le régime du crédit gratuit, au contraire, le compte de chaque travailleur se solde par un boni de 99 fr., soit pour les dix, 990 fr. ; et celui de A, propriétaire-capitaliste, par un déficit de 890 francs, qui, avec les 100 francs de marchandises restant en magasin et venant en couverture du déficit de l’année, font bien les 990 fr. dont la fortune des dix travailleurs s’est augmentée. Ce qui prouve que, dans la sociéte mutuelliste, c’est-à-dire de l’égal-échange, la fortune de l’ouvrier augmente en raison directe de son travail, tandis que celle du capitaliste diminue aussi en raison directe de sa consommation improductive, et qui détruit le reproche que m’adressait Pierre Leroux, qu’il n’a cessé depuis deux mois de reproduire dans sa polémique, savoir, que le crédit gratuit, la Banque du Peuple,