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LE BEAU VOYAGE.

En mélancolie de printemps,
Quand on avait de longs cheveux,
Qu’on raclait des airs de bohème,
Au printemps des premiers aveux.
Et rêvons les mansardes blêmes,
Et les brocs de vin engloutis
De ces crânes aux fortes lèvres
Qui, le cœur brisé, sont partis
Dans des cimetières de fièvres.
Au pays des premiers amours…
De ces gueux à la taille fine,
Au boléro de troubadours,
Qui s’en allaient dans la ravine
Pleurer celles qui ne sont plus ;
Ceux qui sont morts sans qu’on pâlisse.
Au temps des longs chapeaux pointus,
En prononçant le nom d’Alice…
Et qui, sous les saules d’hiver,
Songent morts à leur endormie…
Et ce temps-là, c’était hier,
Ô ma lampe, ô ma pauvre amie !…

Ô ma lampe, ô ma pauvre amie,
Le temps n’est plus où sous tes yeux,
Sous ton froid regard de momie,