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A

MON FRÈE LOVIS


Pourtant tu me l’as dit, que c’est rongeant déboire
De dépenser son âme à l’affût de la gloire,
De tourmenter son front, d’émasculer son cœur !
Que c’est pure chimère et stérile labeur.

De chercher, sans l’amour, un bonheur illusoire !
Que si l’on veut graver quelque part sa mémoire
En plus durables traits que sur l’airain menteur,
C’est au front d’une vierge encor dans sa candeur !

Moi, le fou qui s’éveille à l’audace inféconde,
Le vain songeur qui crut faire un bruit dans le monde,
Et s’appeler d’un nom qui durât plus d’un jour,

J’ai laissé croître en moi cette semence amère
Du dégoût, qui, plongeant en ma poitrine altière,
Y boit goutte par goutte un vieux reste d’amour !


Valentigney, 9 mars 1875.