Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 1, 1922.djvu/28

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de la Belle au Bois Dormant, elle s’y refusa sauvagement et avec des cris, quand un jeune poète de mes amis, Robert d’Humières, vint à passer dans le pays. En devisant parmi ces ruines du Ruskek, je le mis au courant de mes divers projets artistiques. Il voulut connaître la Lépreuse et le scénario que je venais d’imaginer sur le travail de la Belle au Bois Dormant. Comme j’ajoutai que mes cours aux Beaux-Arts ne me permettraient sans doute pas de poursuivre ces essais littéraires, il me demanda : « Voulez-vous me permettre, si vous n’en faites rien, de traiter ce sujet ? Je l’y autorisai bien volontiers. C’est cette Belle au Bois Dormant qui fut représentée au théâtre de l’Œuvre de 1894. Robert d’Humières, un des plus vastes esprits que j’aie connus, avait écrit la pièce avec cette propension philosophique qui était une de ses particularités et je ne reconnaissais guère l’humble naïveté du premier projet, mais comme j’avais fourni le scénario et que la mise en scène, les décors, les costumes, la réalisation artistique de cette féerie m’attiraient particulièrement, je signai avec lui cet ouvrage. Je me désintéressais, du côté littérature, de la chose, je vis là surtout une belle manifestation d’art décoratif. Deux mois durant, avec Rochegrosse, Louis Auburtin et d’autres peintres, nous travail-