Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/32

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L’ABBÉ.

Vous êtes une grande mondaine ; ce n’est pas tout à fait la même chose, Madame la duchesse.

LE DUC.

Tu n’étais pas à la hauteur d’une éducation suivie, voilà tout.

LA DUCHESSE.

Ah ! vous n’avez tort ni l’un ni l’autre. J’ai moi-même trop négligé mes devoirs religieux. J’aurais dû prêcher d’exemple… mais, que voulez-vous, c’est si compliqué la vie… les visites, les réceptions, les soirées, les théâtres… On nous fêtait beaucoup, elle et moi, nous étions très demandées, elle joue délicieusement la comédie, elle est de nature très gaie… (Avec un soupir profond et naturel) et c’est si agréable d’être gai !

L’ABBÉ, (regardant le duc.)

Évidemment ce doit être quelque chose comme ça !…

LA DUCHESSE.

On croit toujours que sa fille vous ressemble, et, je vous prie de croire que, de mon temps, les jeunes filles…

LE DUC.

Tu as parfaitement élevé ton fils ; une fille, c’était plus difficile, plus périlleux. Ah ! Monsieur l’abbé, le cri du paysan : « Je n’ai pas d’enfant, je n’ai que des filles ! »

L’ABBÉ.

Évidemment… Et puis, on dit toujours : il n’y a plus d’enfant, mais des parents y en a-t-il encore beaucoup ?… Ne prenez surtout pas pour vous, Madame la duchesse…