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Page:Batteux - Les Beaux-Arts réduits à un même principe.djvu/167

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même ; mais comme dans les arts il s’agit non seulement de rendre la nature, mais de la rendre avec tous ses agrémens & ses charmes possibles ; la poësie, pour arriver à sa fin, a été en droit d’y ajouter un dégré de perfection, qui les élevât en quelque sorte au-dessus de leur condition naturelle. C’est pour cette raison que les pensées, les mots, les tours ont dans la poësie une hardiesse, une liberté, une richesse qui paroîtroit excessive dans le langage ordinaire. Ce sont des comparaisons soutenues, des métaphores éclatantes, des répétitions vives, des apostrophes singulieres. C’est l’aurore fille du matin, qui ouvre les portes de l’orient avec ses doigts de roses. C’est un fleuve appuyé sur son urne penchante, qui dort au bruit flatteur de son onde naissante : ce sont les jeunes zephirs qui folâtrent dans les prairies