Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/120

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particuliers, tout [247] ce qui devroit servir à l’entretien, à l’amélioration des cultures ou des autres exploitations productives, même au maintien et à la perfection des plus utiles d’entre les arts stériles : on peut employer cette recette excessive aux dépenses les plus frivoles du faste, de la dissolution des guerres inutiles et destructives.

Dans le premier cas, vous verrez les agents de tous les arts frivoles, et leurs travaux les plus recherchés se multiplier pendant deux ou trois ans autour du dissipateur. Dans le second cas, vous les verrez couvrir pendant quelque temps la surface de l’État qui se ruine, sur-tout inonder les Capitales et les résidences des souverains dont le patrimoine est administré comme celui d’un dissipateur.

Donc le luxe public ou privé sera très utile, pendant quelque temps seulement, à quelques agents de la classe stérile ; c’est là ce qu’ont voulu dire ses parti[248]sans, et leur observation n’est que trop véritable.

Mais après ce court espace, toutes les classes de la société, toute l’humanité souffrent par lui des préjudices réels en proportion de ce que les récoltes sont dégradées ; c’est une observation non moins véritable faite par les censeurs du luxe.

Gardons-nous donc avec grand soin de confondre ces deux sortes de raisonnements, que tant de politiques ont affecté de prendre pour être exactement les mêmes : « L’art social et l’art productif prosperent dans tel État, donc l’art stérile ne peut manquer d’y prospérer ». Ce premier raisonnement est de la plus suprême évidence, et je n’ai plus besoin d’insister sur la preuve. « L’art stérile paroît prospérer dans tel État, donc l’art productif et l’art social ne peuvent manquer d’y prospérer ». Ce second raisonnement est absolument [249] différent du premier ; la conséquence en est essentiellement douteuse, et trop souvent elle se trouvera d’une fausseté très manifeste quand il faudra la vérifier.

No. III.

Autres causes d’une prospérité qui n’est qu’apparente.

Ce que je dis de la prospérité générale apparente des arts qui caractérisent la troisieme classe, n’est pas moins facile à démontrer