Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/136

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usage légitime et raisonnable, c’est la seconde espece de liberté. Mais parmi tous les emplois qu’on peut faire librement de ses propriétés personnelles et mobiliaires, il en est un plus important pour le bien-être de l’humanité, c’est celui de se former des propriétés foncieres, c’est-à-dire, d’employer ses facultés intellectuelles et ses effets mobiliers à la préparation d’un sol qu’on rend productif des objets propres aux jouissances utiles ou agréables. Consacrer ainsi ses soins et ses richesses mobiliaires à la préparation fondamentale d’un fonds de terre qu’on rend plus utile, c’est en acquérir la propriété, c’est se le rendre propre et spécial. Dès que cet emploi de vos facultés et de votre richesse mobiliaire n’est infecté d’aucune usurpation de propriétés, de nulle violation des libertés d’autrui, c’est une propriété fonciere légitimement acquise ; c’est bien mieux encore, c’est un acte de bienfaisance, car le sol est rendu plus utile, plus fructifiant, et par conséquent il accroît la somme des jouissances qui font la propagation, le bien-être de l’humanité toute entiere s’est accru. Et cet accroissement n’est pas momentané, il durera plus ou moins, suivant la solidité des travaux ou des avances foncieres. " faire à votre gré de vos héritages fonciers tout usage légitime et raisonnable " , c’est la troisieme espece de liberté, qui résulte de la troisieme espece de propriétés. Il est évident, comme je l’ai fait sentir ci-dessus, que la loi naturelle de la justice par essence et l’ordre de la bienfaisance consistent en ces deux points ; premierement, " que nul homme n’usurpe les propriétés, que nul homme ne viole les libertés d’autrui " ; secondement, " que chaque homme contribue le plus possible à procurer aux autres des propriétés légitimes, un juste et raisonnable usage de ces propriétés " . Il est donc évident que le plus grand bien-être général de l’humanité dépend de la multiplication et du bon emploi des propriétés et des libertés. Ces vérités sacrées sont le premier principe fondamental des monarchies economiques, et c’est en conséquence de cette premiere idée qu’on s’y forme celle de l’autorité souveraine qui est le second principe fondamental. " le pouvoir de faire exécuter le mieux possible la loi naturelle