Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/151

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N⁰IV. Réponse aux objections contre la perception économique des vrais revenus de la Souveraineté.==== On peut réduire à trois chefs toutes les difficultés proposées par les préjugés et par l’intérêt personnel contre cet ordre si simple et si naturel de perception, qui n’est qu’un partage amical évidemment fondé sur la sagesse et sur l’équité. Premierement, dit-on, tous les citoyens de l’etat jouissent de l’instruction, de la protection civile, militaire et politique, de la bonne administration intérieure, et de grandes propriétés communes qu’elle entretient. Ils doivent donc tous à l’autorité souveraine le prix de ses travaux bienfaisants. Pourquoi donc exemptez-vous de ce devoir les deux premieres lignes, composées des manœuvres et des chefs de toute exploitation productive ; et les deux dernieres, composées de tous les mandataires de la souveraineté, considérés comme tels ; et de tous les hommes dévoués à la classe stérile ? Pourquoi ne vous adressez-vous qu’à la ligne du milieu composée des propriétaires fonciers ? Pourquoi les chargez-vous seuls eux et leurs héritages d’acquitter la dette universelle ? N’est-ce pas au premier coup d’œil une grande injustice ? Secondement est-il bien facile de connoître exactement le produit quitte et net annuel des héritages fonciers, et d’en faire dans tout un grand empire l’évaluation équitable, sans cause nul préjudice ni au propriétaire ni à la souveraineté ? Quel immense travail, quelles difficultés, quelles fraudes ou quelles vexations ! Troisiemement est-il possible que dans les vastes etats où le souverain est obligé de faire une grande et forte dépense, le tiers à-peu-près du produit quitte et net des fonds productifs seulement fournisse un revenu suffisant ? Et si ce n’est pas assez du tiers, n’opérez vous pas la ruine des propriétaires et de leurs héritages ? Trois difficultés qu’on regarde encore comme réelles et presque insolubles, tant l’habitude et l’intérêt personnel ont de puissance ! Voici la réponse à la premiere. Ce n’est aucune des classes de la société qui doit acquitter les droits sacrés de la souveraineté, parcequ’aucune d’elles n’en a le pouvoir, pas plus les propriétaires fonciers que les autres. L’homme par lui-même n’est rien et ne peut rien, je dis l’homme