Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/178

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ni perfectionne, n’est ni injustice ni bienfaisance. Ce principe caractéristique des institutions ou dispositions humaines qu’on appelle communément loix positives, est précisément contradictoire au code du despotisme arbitraire, que j’ai renfermé ci-dessus en ces trois mots-ci. Tout est bien quand il est ordonné ; tout est mal quand il est défendu ; tout est indifférent quand il n’y a point d’ordre qui le caractérise en bien ni en mal. A une condition indispensable clairement expliquée, vous pouvez appeller loix humaines ou positives ces réglements du souverain, qui concernent les fonctions de ses mandataires dans l’ordre de l’instruction, de la protection, de l’administration. Cette condition, la voici : c’est la soumission absolue au code éternel et inviolable de la nature, diamétralement opposé au code absurde et destructeur du despotisme arbitraire. Peu importe donc sur quelle tête réside ce pouvoir secondaire et subordonné, qu’on appelle ordinairement législatif, peu importe qu’il soit entre les mains d’un ou de plusieurs hommes. Car enfin telle seroit la force nécessaire au bien de l’humanité, mais aussi très efficace de l’instruction morale économique, qu’elle détruiroit dans tous les esprits ce malheureux préjugé sur le pouvoir arbitraire, qui confond par une équivoque funeste la lumiere et les ténebres, le bien et le mal, le crime et la vertu. Si la législation essentielle imprescriptible de l’ordre naturel étoit une fois bien connue, si elle étoit une fois prise pour base fondamentale, pour regle universelle et inviolable de toute institution humaine, relative aux propriétés, aux libertés, à l’instruction, à la protection, à l’administration qui les conservent, les accroissent, les perfectionnent de plus en plus ; si toutes les consciences étoient parfaitement éclairées sur les devoirs et les droits qui résultent de cette législation éternelle et divine, supérieure à tout, il est évident que dans ce cas vous n’auriez plus le moindre exemple des commandements injustes mis en exécution, ni de révolte brassée contre l’autorité, plus de traces de cette guerre entre les volontés arbitraires qui oppriment, et les volontés arbitraires qui sont opprimées, plus aucun germe des idées et des sentiments qui l’entretiennent, ni des fâcheux éclats qu’elle produit si souvent, au grand préjudice de l’humanité. C’est cette perfection de connoissance, de lumieres, de conviction intérieure, confirmée dans toutes les ames, qui constitueroit