Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/185

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les moyens de remplir ses fonctions, non seulement sans qu’elle ait besoin ou intérêt d’usurper les propriétés, de violer les libertés, mais au contraire, en faisant consister son vrai besoin, son intérêt réel dans leur inviolable conservation, dans leur prospérité progressive et continuelle ; 2⁰ l’instruction morale économique la plus parfaite possible, qui empêche autant qu’il se peut humainement les abus de toutes les forces, même de celles qui sont combinées et rendues supérieures à toute autre pour le service de l’autorité, c’est-à-dire, pour l’accomplissement de ses devoirs. C’est en ces deux moyens que consiste, suivant la politique honnête et bienfaisante, la relation entre les citoyens et la souveraineté. Tout le reste est émané d’une politique mal éclairée, oppressive, tyrannique et désastreuse, qui n’opere que des relations de guerre, de jalousie, d’opposition d’intérêts, que destruction ou empêchement du bien, qu’injustice et désordre. Ce principe général est éternel, absolu, invariable, d’une suprême évidence ; et c’est principalement sur cette vérité fondamentale qu’il faut fixer autant qu’il est possible l’attention de tous les hommes. Au contraire, les questions accessoires l’ont pour ainsi dire fait éclipser dans tous les temps, parceque les politiques et les philosophes mêmes ont donné tous leurs soins à ces objets secondaires, soit dans la pratique, soit dans la spéculation. La solution de ces problêmes du second ordre étant moins évidente, moins nécessaire, la science de l’économie politique en a paru beaucoup moins certaine, beaucoup moins respectable depuis qu’on l’a fait descendre des premiers principes indubitables, dont l’effet infaillible est le bien de l’humanité, à ces idées ultérieures, qui ne saisissent pas les esprits d’une maniere si vive, si souverainement irrésistible. Car les hommes dévoués aux premiers travaux de l’art social, c’est-à-dire, dépositaires de l’autorité suprême, doivent être disposés de telle maniere, dans un etat policé, que tout se rapporte à un centre commun, à une intelligence, une volonté premiere, qui rassemble tous les moyens et qui en dirige l’emploi vers le but général de l’instruction, de la protection, de l’administration universelle. C’est cette unité qui caractérise proprement un etat, une société policée ; c’est ce qu’on appelle souveraineté.