Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/63

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fait peut-être leur excuse personnelle, mais qui n’en excite que de plus grands regrets dans le petit nombre de ceux qui les connoissent.

Art qui constitue par-tout les hommes prétendus réunis en société, dans un État de guerre contre l’autorité souveraine, et qui réduit une portion des mandataires de la Souveraineté à la triste nécessité d’espionner, d’envahir, d’attaquer les autres hommes, de gêner leur liberté, d’empêcher leurs jouissances. C’est ce coup d’œil évidemment contraire à la société, qui révoltera toujours le bon sens et l’équité naturelle des Peuples : c’est lui qui a rendu totalement inutiles [95] les sophismes de quelques beaux esprits assez hardis et assez vils pour se déclarer contre cette répugnance universelle, inspirée par la saine raison et par l’évidence de l’intérêt général des hommes.

Les salariés d’un fisc dévastateur, comme celui d’Athenes et de Rome, par exemple, dont les opérations empêcheroient les jouissances, et détruiroient sans cesse la masse des objets propres à nous les procurer, rempliroient donc un ministere, malheureusement tout contraire aux fonctions de la Souveraineté ; car ils feroient précisément la même chose que les usurpateurs du dedans ou du dehors, dont le délit ne consiste qu’à gêner les libertés des autres, et à les priver de quelques jouissances, et par conséquent ils feroient précisément ce que l’autorité doit empêcher.

Il ne faudroit donc pas comprendre ces agents d’une fiscalité si pernicieuse[96]ment erronnée dans l’analyse des États vraiement policés ; ils n’existeroient pas dans un Empire organisé selon les principes économiques.

J’expliquerai bien-tôt le principe de la vraie société qui réunit évidemment les intérêts de la Souveraineté avec ceux de tous les Citoyens, qui détermine l’étendue des droits respectifs, qui fixe une regle de partage dictée par la justice, par la raison éclairée.

Les mandataires du Souverain, qui veilleroient de sa part à cet intérêt précieux, qui seroient chargés d’exercer ce droit saint et légitime, qui réclameroient sa portion dans le juste partage, forment la seconde division des coopérateurs de l’administration.

Dépenser utilement les revenus de la Souveraineté au maintien, à la perfection progressive et continuelle de l’art social, c’est l’emploi de la premiere di[97]vision ; recevoir les revenus en observant toute justice, c’est l’emploi de la seconde.