Page:Baudelaire - Œuvres posthumes 1908.djvu/114

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Voyez George Sand. Elle est surtout, et plus que toute autre chose, une grosse bête ; mais elle est possédée. C’est le diable qui lui a persuadé de se fier à son bon cœur et à son bon sens, afin qu’elle persuadât toutes les autres grosses bêtes de se fier à leur bon cœur et à leur bon sens.

Je ne puis penser à cette stupide créature, sans un certain frémissement d’horreur. Si je la rencontrais, je ne pourrais m’empêcher de lui jeter un bénitier à la tête.

*

Je m’ennuie en France, surtout parce que tout le monde y ressemble à Voltaire.

Emerson a oublié Voltaire dans ses Représentants de l’humanité. Il aurait pu faire un joli chapitre intitulé : Voltaire ou l’antipoète, le roi des badauds, le prince des superficiels, l’antiartiste, le prédicateur des concierges, le père Gigogne des rédacteurs du Siècle.

*

Dans les Oreilles du Comte de Chesterfield, Voltaire plaisante sur cette âme immortelle qui a résidé, pendant neuf mois, entre des excréments et des urines. Voltaire, comme tous les paresseux, haïssait le mystère.

Ne pouvant pas supprimer l’amour, l’Eglise a voulu au moins le désinfecter, et elle a fait le mariage.

[En marge.] Au moins aurait-il pu deviner dans cette localisation une malice ou une satire de la