Page:Baudelaire - Œuvres posthumes 1908.djvu/168

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pérament et une âme d’emprunt, Jean de Falaise a donné la sienne pour de bon, et il a fait tout doucement un ouvrage original.

Doué d’une excentricité aussi bénigne et aussi amusante, l’auteur a tort de dépenser tant de peine à pasticher des lettres de Mme Scudéry. En revanche, M. de Balzac contient peu de tableaux de mœurs aussi vivants que : Un souvenir de jeunesse d’un Juré du Calvados, et Hoffmann pourrait, sans honte, revendiquer le Diable aux Îles. — Et tout ceci n’est pas trop dire. Oyez et jugez.


PROMÉTHÉE DÉLIVRÉ

PAR L. DE SENNEVILLE[1]


Ceci est de la poésie philosophique. — Qu’est-ce que la poésie philosophique ? — Qu’est-ce que M. Edgar Quinet ? — Un philosophe ? — Euh ! euh ! — Un poète ? — Oh ! oh !

Cependant, M. Edgar Quinet est un homme d’un vrai mérite. — Eh ! mais, M. de Senneville aussi ! — Expliquez-vous.

— Je suis prêt. Quand un peintre se dit : — Je vais faire une peinture crânement poétique ! Ah ! la poésie !… — il fait une peinture froide, où l’intention de l’œuvre brille aux dépens de l’œuvre : — le Rêve du Bonheur, ou Faust et Marguerite. — Et cependant, MM. Papety et Ary Scheffer ne sont pas des gens dénués de valeur ; — mais !… c’est que

  1. 3 février 1846, — article signé, Baudelaire-Dufays — Senneville, pseudonyme de Louis Ménard. L’articulet suivant est de la même date.