Page:Baudelaire - Œuvres posthumes 1908.djvu/40

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Si cette vitesse effroyable
Ne me causait pas quelque émoi.
Va-t’en donc, toute seule, au Diable !

Mon rein, mon poumon, mon jarret
Ne me laissent plus rendre hommage
À ce Seigneur, comme il faudrait :
« Hélas ! c’est vraiment bien dommage ! »
Disent mon rein et mon jarret.

Oh ! très-sincèrement je souffre
De ne pas aller aux sabbats,
Pour voir, quand il pète du soufre,
Comment tu lui baises son cas !
Oh ! très sincèrement je souffre.

Je suis diablement affligé
De ne pas être ta torchère,
Et de te demander congé,
Flambeau d’enfer ! Juge, ma chère,
Combien je dois être affligé,

Puisque depuis longtemps je t’aime,
Étant très-logique ! En effet,
Voulant du Mal chercher la crème
Et n’aimer qu’un monstre parfait,
Vraiment oui ! vieux monstre, je t’aime !



BOUFFONNERIES


SUR LES DÉBUTS D’AMINA BOSCHETTI
au Théâtre de la Monnaie, à Bruxelles [1] .


Amina bondit, — fuit, puis voltige et sourit ;
Le Welche dit : « Tout ça, pour moi, c’est du prâcrit ;

  1. La Petite Revue, 13 mai 1865, dans la deuxième partie d’un article intitulé : M. Baudelaire, poète de circonstance. La première partie de cet article avait paru, ibid., le 29 avril 1865. (V. note, p. 45.)
    Le texte ici conservé est celui des Epaves.