Page:Baudelaire - L'Art romantique 1869.djvu/431

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Bournisien, uniquement préoccupé des polissons du catéchisme qui font de la gymnastique à travers les stalles et les chaises de l’église, répond avec candeur : « Puisque vous êtes malade, madame, et puisque M. Bovary est médecin, pourquoi n’allez-vous pas trouver votre mari ? »

Quelle est la femme qui, devant cette insuffisance du curé, n’irait pas, folle amnistiée, plonger sa tête dans les eaux tourbillonnantes de l’adultère, — et quel est celui de nous qui, dans un âge plus naïf et dans des circonstances troublées, n’a pas fait forcément connaissance avec le prêtre incompétent ?


VI

J’avais primitivement le projet, ayant deux livres du même auteur sous la main (Madame Bovary et la Tentation de saint Antoine, dont les fragments n’ont pas encore été rassemblés par la librairie), d’installer une sorte de parallèle entre les deux. Je voulais établir des équations et des correspondances. Il m’eût été facile de retrouver sous le tissu minutieux de Madame Bovary, les hautes facultés d’ironie et de lyrisme qui illuminent à outrance la Tentation de saint Antoine. Ici le poëte ne s’était pas déguisé, et sa Bovary, tentée par tous les démons de l’illusion, de l’hérésie, par toutes les lubricités de la matière environnante, — son