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A POULET-MALASSIS

29 Février 1860.

Mon cher,

Votre lettre de ce matin m’a causé une vive irritation.

On perd des feuillets, je supplie pour qu’on les cherche : pas de réponse. Je les recommence, je supplie pour qu’on me dise si le raccord est juste : pas de réponse.

Et toujours des tirages avant que les épreuves (renvoyées le jour même) soient arrivées à l’imprimerie !

C’est à avoir envie de faire le mouchard et de supplier le gouvernement, Notre Père, de supprimer ces gens-là !

Pour l’argent, autre bêtise : le compte de ce qui a paru est de soixante-trois pages, c’est à dire de quatre feuilles (600 fr.), plus une page.

Ce qui reste à publier (partie étant à Genève, et partie chez moi) fait quarante-cinq pages, environ. Donc, j’ai raison. J’ai trop l’habitude de ces choses-là, pour me tromper de plus que d’une somme insignifiante.

Donc, j’ai reçu 620 fr., et il a paru soixante-trois pages.

J’éprouve une telle irritation, à propos de tant de sottises, que je suis prêt à vous envoyer la fin du manuscrit, qui est là, devant moi. Vous ne le donnerez qu’en échange d’argent. Ils ont de quoi