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LETTRES — 1866 487

A SAINTE-BEUVE

Mardi, 2 Janvier 1866. Mon bon ami,

Je viens de voir que, pour la première fois de tre vie, vous avez livré votre personne physique ^va public. Je fais allusion à un portrait de vous, publié par U Illustration. Ce^i bien vous, ma foi i ir familier, railleur, et un peu concentré, et la petite calotte elle-même ne s’est pas cachée. Vous dirai-je que je m’ennuie tellement que cette simple image m’a fait du bien ? La phrase a l’air imperti- nent. Elle veut dire simplement que, dans l’abandon où me laissent quelques vieux amis de Paris (en par- ticulier Julien Lemer), votre image a suffi pour me nertir de mon ennui. Que ne donnerais-je pas pour aller en cinq minutes rue du Montparnasse, pour causer une heure avec vous de vos articles sur Proudhon, avec vous qui savez écouter, même les gens plus jeunes que vous !

Ce n’est pas, croyez-le bien, que je trouve la

iction en sa faveur illégitime. Je l’ai beaucoup

. et un peu connu. La plume à la main, c’était un

Uonhoufjrp : mais il n’a pas été et n’eût jamais été,

mAmesur le papier, un (/rt ; i(/y. C’est ce que je ne lui

rdonnerai jamais. Et c’est ce que j’exprimerai,

dussé-je exciter la mauvaise humeur de toutes les

"osses bêtes bien pensantes de L’Univers.

De votre travail, je ne vous dis rien. Vous avez,

is que jamais, l’air d’un confesseur et d’un accou-