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Page:Baudelaire - Petits poèmes en prose 1868.djvu/271

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III

VOLUPTÉS DE L’OPIUM


Ainsi que je l’ai dit au commencement, ce fut le besoin d’alléger les douleurs d’une organisation débilitée par ces déplorables aventures de jeunesse, qui engendra chez l’auteur de ces mémoires l’usage fréquent d’abord, ensuite quotidien, de l’opium. Que l’envie irrésistible de renouveler les voluptés mystérieuses découvertes dès le principe, l’ait induit à répéter fréquemment ses expériences, il ne le nie pas, il l’avoue même avec candeur ; il invoque seulement le bénéfice d’une excuse. Mais la première fois que lui et l’opium firent connaissance, ce fut dans une circonstance triviale. Pris un jour d’un mal de dents, il attribua ses douleurs à une interruption d’hygiène, et comme il avait depuis l’enfance, l’habitude de plonger chaque jour sa tête dans l’eau froide, il eut imprudemment recours à cette pratique, dangereuse dans le cas présent. Puis il se recoucha, les cheveux tout ruisselants. Il en résulta une violente douleur rhumatismale dans la tête et dans la face, qui ne dura pas moins de vingt jours. Le vingt et unième, un dimanche